Hassan Izzaoui est l’imam de la Grande mosquée de Limoges. Sur Mizane.info, il exprime ses réserves sur le maintien de l’annonce officielle de l’aïd el fitr, le 20 avril à la Grande mosquée de Paris. Voici pourquoi.
Deux communiqués ont été publiés sur la date de l’Aïd al-Fitr : un du CFCM, et un autre émanant de quelques fédérations pilotées par la grande mosquée de Paris (GMP). Ils précisent tous que le jour de la fête sera le vendredi prochain 21 avril 2023.
Cette date a été annoncée depuis un moment par le conseil théologique musulman de France (indépendant de toutes les fédérations). Ce qui semble normal puisque toutes les fédérations sont d’accord sur le fait que le calcul astronomique est la méthode la plus fiable pour la détermination des mois lunaires.
C’est aussi la méthode la plus pratique pour les musulmans de France puisqu’elle leur permet de s’organiser autour d’une date précise du jour de la fête. On ne peut que se réjouir de cette position de principe. Ce qui est le cas des autres instances de plusieurs pays européens.
Des questions sans réponses
Malheureusement, il est à noter une grande aberration dans le communiqué des quelques fédérations dans le giron de la GMP, il s’agit de la phrase suivante : « Les fédérations musulmanes annonceront la date officielle de l’Aïd El Fitr pour les musulmans de France à l’issue de la réunion de confirmation le jeudi 20 avril. »
On ne peut que s’interroger sur la signification de cette phrase et sur la raison de cette « réunion de confirmation ». Qu’est ce qui est officiel ? Est-ce que cette annonce la veille du jour de aïd est juste une formalité pour que certains gardent le privilège de l’opération de communication annuelle et que la date déterminée par le calcul astronomique soit maintenue ?
Ou y a-t-il une possibilité pour qu’une autre date (Samedi 22 avril) soit annoncée à l’issue de cette réunion prévue jeudi entre ses quelques fédérations? Et sur quelle base cette nouvelle date serait prise ? Et dans ce cas, pourquoi avoir annoncé la date du 21 avril autour de laquelle il y a unanimité ?
La faillite d’une représentation nationale
Encore une fois, on prend les musulmans en otage des indécises fédérations en laissant planer le doute, ce qui ne peut que gâcher leur fête, alors que le calcul astronomique permet d’éviter, justement, le doute.
C’est encore une façon pour ces fédérations de se décrédibiliser alors qu’elles ne suscitent plus d’engouement, depuis plusieurs années, auprès des musulmans. Il y en a même, parmi elles, qui voient leurs anciens cadres prendre de la distance, ce qui est parfaitement compréhensible.
Au regard de genre d’aberration, on peut comprendre la difficulté du gouvernement à trouver un interlocuteur fiable.
Même si on n’est pas d’accord avec la méthode utilisée par notre ministre de l’Intérieur pour annoncer la fin de la seule malheureuse instance représentative (le CFCM), il est évident que les fédérations ne facilitaient pas le travail, et devenaient même un grand obstacle devant l’organisation de l’Islam de France.
Entre querelles intestines, vassalité à des régimes étrangères et ambitions personnelles, le désastre était prévisible.
Hassan Izzaoui, imam de la Grande mosquée de Limoges