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samedi 21 décembre 2024

Rachid Achachi : la signification de l’échelle et du chiffre 7 dans le symbolisme religieux

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Seconde partie de l’article de Rachid Achachi consacré à la restauration du sens originel du concept de mythe. Rachid Achachi nous propose une plongée dans la signification symbolique du chiffre 7 et de l’échelle dans les traditions juive, chrétienne et musulmane. En partenariat avec la Revue Ribat al Hikma, partenaire de Mizane.info.

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Rachid Achachi.

Nous avons jusqu’à présent abordé le mythe comme étant ce qui traduit l’existence d’une multitude de niveau de réalités, autorisant une pluralité de point de vue dont le plus accompli est le « point de vue sacré ».

Il nous incombe désormais d’analyser en profondeur, et dans les limites inhérentes à ce genre d’analyse, cette pluralité de plans d’existence.

Cela à travers un mythème (déf : principe fondamental d’un récit mythique / L’élément universel d’un mythe qui se décline différemment dans chaque culture sans perdre son essence) dont l’universalité nous interpelle à plus d’un titre, celui du chiffre « 7 », en cela qu’il renvoie dans différentes traditions à l’idée de « 7 cieux », autrement dit de 7 niveaux de réalité comme évoqué précédemment.

Cette symbolique du chiffre « 7 » apparaît sur un plan symbolico-architectural chez les babyloniens, à travers les « Ziggourat » composées de 7 étages, chacun de ces étages symbolisant un ciel que le prêtre gravi graduellement et selon un rituel bien défini jusqu’au septième, dans un geste d’élévation spirituelle et de proximité avec les Dieux.

Dans la tradition biblique, le chiffre « 7 » dont il ne s’agit pas ici d’étudier toute les manifestations symboliques, n’est pas évoqué explicitement en tant que nombre de cieux, bien qu’il jouisse d’une charge symbolique évidente : le Menorah (chandelier à 7 branches), les 7 années de construction du temple de Salomon, les sept dernières paroles du Christ, …

C’est Saint Irénée qui dans la « Démonstration de la prédication apostolique », affirme explicitement l’existence de 7 cieux et la descente du Verbe :

« Le monde se compose de sept cieux. Y habitent les vertus, les anges et les archanges; ils remplissent les fonctions du culte envers le Dieu bon et créateur de tout. C’est pourquoi est abondante l’habitation de l’esprit de Dieu. Le prophète Isaïe énumère (Isaïe 11,2) sept formes de son culte qui ont reposé sur le Fils de Dieu, le Verbe, au moment de son Incarnation. La première est la Sagesse: elle contient toutes les autres. Moïse en a donné le modèle dans son candélabre à sept branches » (Démonstration Apostolique 12,761).

Pour Sohrawardi, les formes du ‘âlam al Mithâl (le monde imaginal) sont plus parfaites que celles qui existent dans le monde de notre expérience sensible ». Il en va de même pour les univers célestes supérieurs jusqu’à atteindre la réalité ineffable, celle de Dieu, où la tradition apophatique apparait comme seule démarche conforme au Tawhid et au Tanzih.

Dans la tradition Islamique, le Coran évoque explicitement et à maintes reprises l’existence de 7 cieux comme dans la sourate 71 verset 15 :

« N’avez-vous pas vu comment Allah a créé sept cieux superposés

أَلَمْ تَرَوْا كَيْفَ خَلَقَ اللَّهُ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ طِبَاقًا »

· Dans Sourate 41 verset 11-12 :

« 11. Il S’est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu’à la terre: «Venez tous deux, bon gré, mal gré». Tous deux dirent: «Nous venons obéissants».

12. Il décréta d’en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction. Et Nous avons décoré le ciel le plus proche de lampes [étoiles] et l’avons protégé. Tel est l’Ordre établi par le Puissant, l’Omniscient

11. ثُمَّ اسْتَوَىٰ إِلَى السَّمَاءِ وَهِيَ دُخَانٌ فَقَالَ لَهَا وَلِلْأَرْضِ ائْتِيَا طَوْعًا أَوْ كَرْهًا قَالَتَا أَتَيْنَا طَائِعِينَ

12. فَقَضَاهُنَّ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ فِي يَوْمَيْنِ وَأَوْحَىٰ فِي كُلِّ سَمَاءٍ أَمْرَهَا ۚ وَزَيَّنَّا السَّمَاءَ الدُّنْيَا بِمَصَابِيحَ وَحِفْظًا ۚ ذَٰلِكَ تَقْدِيرُ الْعَزِيزِ الْعَلِيمِ ».

· Ou encore dans la Sourate 65 Verset 12 :

« C’est Dieu qui a créé sept cieux, et il en est de la terre comme des cieux. Son ordre s’étage entre cieux et terre, pour que vous sachiez que Dieu est Omnipotent, que Dieu toute chose embrasse en Sa connaissance ».

« اللَّهُ الَّذِي خَلَقَ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ وَمِنَ الْأَرْضِ مِثْلَهُنَّ يَتَنَزَّلُ الْأَمْرُ بَيْنَهُنَّ لِتَعْلَمُوا أَنَّ اللَّهَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ وَأَنَّ اللَّهَ قَدْ أَحَاطَ بِكُلِّ شَيْءٍ عِلْمًا»

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Les « sept terres » ne sont pas à prendre ici au sens littéral, mais évoque l’existence de la terre sur 7 différents plans de réalités correspondant aux 7 cieux.

Cette “poly-existence synchronique” se déploie comme tout phénomène sur les deux plans, celui du monde de la manifestation (‘alam al shahada عالم الشهادة) et celui du monde invisible (‘alam al ghayb عالم الغيب).

La connaissance absolue de l’existence terrestre sur le plan invisible est qualifiée par Allah dans le Coran de « Secret السِّرَّ» comme évoqué dans la Sourate 25 Verset 6 :

« Dis : Il l’a fait descendre, Celui qui connait le secret des cieux et de la terre, parce qu’il est le Tout pardon, le Miséricordieux ».

« قُلْ أَنزَلَهُ الَّذِي يَعْلَمُ السِّرَّ فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ ۚ إِنَّهُ كَانَ غَفُورًا رَّحِيمًا »

Notons aussi que la circonvolution autour de la Kaaba (Al tawaf) se fait en 7 tournées rituelles.

Il en va de même pour le « sa’y » entre « al Safa » et « al Marwa » qui se fait en 7 aller-retour rituels.

Ainsi, tout comme les Ziggourats, chaque tour autour de la Kaaba exprime une ascension spirituelle.

Il nous semble important de préciser à ce niveau de notre développement et pour éviter toute confusion que, évoqué au singulier (le ciel), ce dernier renvoi du point de vue coranique au monde de la manifestation (‘alam al shahada), autrement dit au monde sensible, qui correspond au ciel le plus inférieur (al dunya) dans l’échelle ontologique des 7 cieux.

Quant aux 6 autres cieux, ces derniers participent du monde de l’occulte et de l’invisible « ‘alam al ghayb ».

La hiérarchie des univers chez Sohrawardi

L’idée d’une hiérarchie des univers est centrale dans la pensée de Sohrawardi en particulier et des Ishraqiyyun en général.

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Henri Corbin.

Sohrawardi postule l’existence d’une hiérarchie céleste qui s’articule selon un quadruple plan comme le décrit Henry Corbin dans « Histoire de la philosophie islamique » :

1. Il y a le monde des pures Intelligences (les Lumières archangéliques des deux premiers Ordres, Intelligences chérubiniques, les « Mères », et Intelligences-archétypes) ; c’est le monde du Jabarut.

2. Il y a le monde des Lumières régissant un corps, monde des Âmes célestes et des Âmes humaines. ; c’est le monde du Malakut.

3. Il y a le double Barzakh constitué par les Sphères célestes et le monde des Eléments sublunaires ; c’est le monde du Mulk.

4. Il y a le mundus imaginalis / le monde imaginal (‘Alam al Mithâl) ; c’est le monde intermédiaire entre le monde intelligible des êtres de pure Lumière et le monde sensible.

Pour Sohrawardi, les formes du ‘âlam al Mithâl (le monde imaginal) sont plus parfaites que celles qui existent dans le monde de notre expérience sensible ».

A lire également : Rachid Achachi : la fonction du mythe dans la pensée traditionnelle

Il en va de même pour les univers célestes supérieurs jusqu’à atteindre la réalité ineffable, celle de Dieu, où la tradition apophatique apparait comme seule démarche conforme au Tawhid et au Tanzih.

Il est possible également comme le signale Corbin de réduire et de traduire cette hiérarchie selon une triple triade :

Triple univers : Le monde sensible (Mulk) – Le monde suprasensible de l’Âme (Malakût) – Le monde des pures Intelligences (Jabarut).

Trois organes de connaissances : Les sens – L’imagination – L’intellect.

Triade anthropologique : Le corps – L’Âme – L’Esprit.

Une ontologie des inter-mondes (dont nous ne citons ici qu’un très bref aperçu), a été selon Henri Corbin pour la première fois établie par Sohrawardi.

Nous invitons le lecteur qui désire approfondir cet aspect de la question de lire les travaux d’Henri Corbin sur les « Ishraqiyyun ».

La Kabbale et les 10 Sephiroths

Une triplicité triadique que l’on retrouve à l’identique dans la Kabbale qui en partant des 10 Sephirotes, distingue 3 triades :

Première triade (3 Sephiroths : Couronne, Sagesse et Intelligence) représente les attributs métaphysiques de Dieu. C’est le monde intelligible.

Seconde triade (3 Sephiroths : Grâce, Justice et Beauté) représente le monde moral.

Troisième triade (3 Sephiroths : Triomphe, Gloire et Base) représente le monde physique.

La 10ème Sephira (Royauté / Malkhut) n’est que la synthèse et l’ensemble de toutes les autres, elle est l’harmonie du monde.

Ainsi, libérée de l’enveloppe corporelle qui la maintient dans les limites étroites du monde sensible, l’âme accède à des niveaux suprasensibles de réalités, qui nous apparaissent dans le rêve à travers une manifestation symbolique, condamnée à s’exprimer à travers une forme symbolique, enrobée dans les formes et les images du monde sensible tout en transmettant implicitement des réalités supérieures.

Définition des Sephiroths (pluriel de Sephira) : Entre Dieu infini et le monde se placent les 10 Sephiroths, au moyen desquels il a créé le monde, et qui sont ses instruments et les canaux par lesquels son action se transmet au monde.

Il nous reste désormais à aborder par quelle modalité suprasensible le Coran évoque la possibilité d’une assomption et d’une descente à travers les 7 cieux.

Cela nous amène tout naturellement à aborder dans la continuité de ce qui précède un autre mythème, celui de l’ « échelle céleste ».

L’échelle céleste

Dans la tradition biblique, « l’échelle de Jacob » renvoie à ce thème « mythique » évoqué dans le livre de la Genèse :

« Jacob quitta Beer-Sheva, et s’en alla vers Haran. Il arriva en ce lieu et y resta pour la nuit car le soleil s’était couché. Prenant une des pierres de l’endroit, il la mit sous sa tête et s’allongea pour dormir. Et il rêva qu’il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l’autre extrémité atteignait le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient !

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« L’échelle de Jacob » de Michael Willman.

Et il vit Dieu qui se trouvait en haut [ou à ses côtés] et qui lui disait : « Je suis Dieu, le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac ton père ; la terre sur laquelle tu reposes, je la donnerai à toi et à tes descendants ; et tes descendants seront comme la poussière de la terre, et ils s’établiront vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud ; et par toi et tes descendants, toutes les familles sur la terre seront bénies. Vois, je suis avec toi et te protégerai là où que tu ailles, et je te ramènerai à cette terre ; car je ne te laisserai pas tant que je n’aurai pas accompli tout ce dont je viens de te parler. » Jacob se réveilla alors de son sommeil et dit : « Sûrement Dieu est présent ici et je ne le sais pas. » et il était effrayé et dit : « Il n’y a rien que la maison de Dieu et ceci est la porte du ciel. » ».

Le fait que cette vérité soit apparue à Jacob en rêve est tout sauf anodin.

Car cet événement, bien que se déroulant aussi dans le monde sensible, et nous insistons sur le « aussi », ne peut être perçu que du point de vue suprasensible.

Le Coran évoque à ce propos que le sommeil est une mort « passagère » ou plus précisément « temporaire » :

· Sourate 6 verset 60 :

« C’est Lui qui la nuit vous récupère, non sans connaître vos rapines du jour, après quoi Il vous fait ressurgir, pour qu’un terme fixé s’accomplisse, et puis vers Lui sera votre retour, et alors il vous informera de ce que vous avez fait ».

« وَهُوَ الَّذِي يَتَوَفَّاكُم بِاللَّيْلِ وَيَعْلَمُ مَا جَرَحْتُم بِالنَّهَارِ ثُمَّ يَبْعَثُكُمْ فِيهِ لِيُقْضَى أَجَلٌ مُّسَمًّى ثُمَّ إِلَيْهِ مَرْجِعُكُمْ ثُمَّ يُنَبِّئُكُم بِمَا كُنتُمْ تَعْمَلُونَ »

· Sourate 39 verset 42 :

« Dieu recouvre les âmes au moment de leur mort, et celles qui ne sont pas mortes, durant leur sommeil ; Il retient celles dont il a décidé la mort, et renvoie les autres jusqu’à un terme fixé, en quoi résident des signes pour un peuple capable de réfléchir ».

« اللَّهُ يَتَوَفَّى الأَنفُسَ حِينَ مَوْتِهَا وَالَّتِي لَمْ تَمُتْ فِي مَنَامِهَا فَيُمْسِكُ الَّتِي قَضَى عَلَيْهَا الْمَوْتَ وَيُرْسِلُ الأُخْرَى إِلَى أَجَلٍ مُسَمًّى إِنَّ فِي ذَلِكَ لَآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ »

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Ainsi, libérée de l’enveloppe corporelle qui la maintient dans les limites étroites du monde sensible, l’âme accède à des niveaux suprasensibles de réalités, qui nous apparaissent dans le rêve à travers une manifestation symbolique, condamnée à s’exprimer à travers une forme symbolique, enrobée dans les formes et les images du monde sensible tout en transmettant implicitement des réalités supérieures.

A ce propos, René Guénon voit dans le symbole une représentation d’une réalité d’un certain ordre par une réalité d’un autre ordre et qui résume là tout notre propos.

L’existence d’une échelle céleste permettant d’accéder aux cieux supérieurs (d’une manière éminemment différente de celle que l’on se représente dans le monde sensible) est évoquée implicitement et explicitement à plusieurs reprises dans le Coran comme dans la Sourate 6 verset 35 :

« Si leur éloignement t’accable et que tu eusses le pouvoir de chercher une galerie sous terre ou une échelle pour monter au ciel afin de leur rapporter un signe…si Dieu voulait Il les aurait regroupés sous la guidance : ne sois pas de ceux qui l’ignorent ! »

« وَإِن كَانَ كَبُرَ عَلَيْكَ إِعْرَاضُهُمْ فَإِنِ اسْتَطَعْتَ أَن تَبْتَغِيَ نَفَقًا فِي الْأَرْضِ أَوْ سُلَّمًا فِي السَّمَاءِ فَتَأْتِيَهُم بِآيَةٍ ۚ وَلَوْ شَاءَ اللَّهُ لَجَمَعَهُمْ عَلَى الْهُدَىٰ ۚ فَلَا تَكُونَنَّ مِنَ الْجَاهِلِينَ »

De même, l’existence d’un canal ( al rouh / l’Esprit) d’assomption et de descente des anges est évoquée :

· Dans sourate 97 Verset 4 pour la descente des anges :

« En elle (la nuit d’Al Qadr) font leur descente les anges et l’Esprit, sur permission de leur Seigneur, pour tout décret ».

« تَنَزَّلُ الْمَلائِكَةُ وَالرُّوحُ فِيهَا بِإِذْنِ رَبِّهِم مِّن كُلِّ أَمْرٍ »

· Sourate 16 Verset 2 :

« Lui qui fait descendre des anges avec l’Esprit, de Sa sphère sur celui qu’Il veut parmi Ses adorateurs : « Donnez l’alarme : il n’est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi ! ».

« يُنَزِّلُ الْمَلَائِكَةَ بِالرُّوحِ مِنْ أَمْرِهِ عَلَىٰ مَن يَشَاءُ مِنْ عِبَادِهِ أَنْ أَنذِرُوا أَنَّهُ لَا إِلَٰهَ إِلَّا أَنَا فَاتَّقُونِ (2) »

· Et dans sourate 70 Verset 4 pour l’assomption :

« De par Dieu, le Maître des assomptions, par où les anges et l’Esprit montent vers Lui durant un jour qui dure cinquante mille ans ».

« مِّنَ اللَّهِ ذِي الْمَعَارِجِ (3) تَعْرُجُ الْمَلَائِكَةُ وَالرُّوحُ إِلَيْهِ فِي يَوْمٍ كَانَ مِقْدَارُهُ خَمْسِينَ أَلْفَ سَنَةٍ (4) »

· De même que l’idée d’une porte céleste dans la Sourate 15 Verset 14-15 :

« Même si Nous leur ouvrions sur le ciel une porte, par où ils puissent continuellement y monter * ils diraient : C’est seulement que notre vue se trouble, ou plutôt nous sommes tous ensorcelés ».

« وَلَوْ فَتَحْنَا عَلَيْهِم بَابًا مِّنَ السَّمَاءِ فَظَلُّوا فِيهِ يَعْرُجُونَ14 لَقَالُوا إِنَّمَا سُكِّرَتْ أَبْصَارُنَا بَلْ نَحْنُ قَوْمٌ مَّسْحُورُونَ 15 »

Quant à la descente des anges dans le monde sensible, elle ne peut se faire qu’à travers une corporisation ou matérialisation de ces derniers qui prennent une forme humaine comme le Coran l’évoque dans plusieurs versets :

· Sourate 19 verset 16 – 19 :

« Rappelle dans l’Ecrit Marie lorsqu’elle s’isola des siens dans un lieu oriental et se couvrit encore d’eux par un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit, qui revêtit pour elle la semblance d’un humain parfait ».

« وَاذْكُرْ فِي الْكِتَابِ مَرْيَمَ إِذِ انتَبَذَتْ مِنْ أَهْلِهَا مَكَانًا شَرْقِيًّا (16) فَاتَّخَذَتْ مِن دُونِهِمْ حِجَابًا فَأَرْسَلْنَا إِلَيْهَا رُوحَنَا فَتَمَثَّلَ لَهَا بَشَرًا سَوِيًّا (17) قَالَتْ إِنِّي أَعُوذُ بِالرَّحْمَٰنِ مِنكَ إِن كُنتَ تَقِيًّا (18) قَالَ إِنَّمَا أَنَا رَسُولُ رَبِّكِ لِأَهَبَ لَكِ غُلَامًا زَكِيًّا (19) »

· Sourate 17 verset 95 :

« Dis : S’il y avait sur la terre des anges, à y aller et venir tranquillement, sur eux Nous aurions fait descendre du ciel un envoyé angélique ».

« قُل لَّوْ كَانَ فِي الْأَرْضِ مَلَائِكَةٌ يَمْشُونَ مُطْمَئِنِّينَ لَنَزَّلْنَا عَلَيْهِم مِّنَ السَّمَاءِ مَلَكًا رَّسُولًا »

La corporisation des anges au moment de leur manifestation dans le monde sensible (al nazla النزلة/ : Angélophanie) n’est pas sans évoquer le « mundus Imaginalis » cité précédemment, qui rappelons le désigne un intermonde où se matérialisent les êtres célestes des mondes supra-sensibles, et où s’essentialisent les êtres du monde sensible lors du « Mi’raj ».

Le mythe comme représentation symbolique du point de vue céleste

Après avoir abordé le concept d’échelle ontologique ou d’échelle céleste, en cela que cette dernière exprime une gradation de l’être, il nous incombe désormais de revenir à l’une des fonctions du mythe telle que nous l’avons évoqué au tout début de notre raisonnement et qui est demeurée présente en filigrane tout au long de notre développement, celle du « point de vue ».

Il en résulte tout naturellement qu’un mythe, qu’il s’agisse des mythes de création (cosmogonie, anthropogonie) ou des récits hiéro-historiques (Al Qassas al Qurâni), exprime non pas un déroulement de faits et événements historiques tels qu’on peut les percevoir d’un point de vue sensible, mais traduisent un « point de vue céleste » de ces faits, tels qu’ils se manifestent au niveau des plans supérieurs et suprasensibles de réalités.

Mais avant cela, rappelons brièvement par souci de clarté un certain nombre d’aspects du mythe tel que nous les avons abordé dans notre développement :

Les mythes ont entre autre pour fonction de rendre accessible par la médiation du symbole, ce qui relève des mondes suprasensibles et de l’ineffable.

Ils sont également le dévoilement de la dimension hiérophanique du monde sensible en tant qu’il est l’expression manifestée en permanence de la volonté de Dieu :

Sourate 35 Verset 41 :

« C’est Dieu qui retient le ciel et la terre de se disloquer. S’ils se disloquaient, nul, hors Lui, ne pourrait les retenir ».

« إِنَّ اللَّهَ يُمْسِكُ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ أَن تَزُولَا ۚ وَلَئِن زَالَتَا إِنْ أَمْسَكَهُمَا مِنْ أَحَدٍ مِّن بَعْدِهِ ۚ إِنَّهُ كَانَ حَلِيمًا غَفُورًا »

Ils ont une dimension initiatique et d’éveil dont la finalité est de faire prendre conscience à l’Homme de sa poly-existence synchronique sur les différents plans de réalité.

Enfin, ils nous informent sur l’existence de différents plans de réalité suprasensible dont ils ne sont que la traduction.

Après avoir rappelé ces divers éléments, nous partirons de deux éléments fondamentaux.

Le premier est l’existence d’une multitude (plus exactement 7) de plans de réalité dont un sensible et les autres suprasensibles.

La deuxième étant l’idée guénonienne cité précédemment selon laquelle un symbole, et par conséquent un mythe, est une représentation d’une réalité d’un autre ordre.

Il en résulte tout naturellement qu’un mythe, qu’il s’agisse des mythes de création (cosmogonie, anthropogonie) ou des récits hiéro-historiques (Al Qassas al Qurâni), exprime non pas un déroulement de faits et événements historiques tels qu’on peut les percevoir d’un point de vue sensible, mais traduisent un « point de vue céleste » de ces faits, tels qu’ils se manifestent au niveau des plans supérieurs et suprasensibles de réalités.

Ce qui ne nie aucunement leur historicité du point de vue de la réalité sensible qui, s’il elle devait être raconté par un observateur contemporain, sera grandement différente de sa traduction mythique qui procède d’un autre niveau de réalité.

Ainsi, un geste rituel ou l’exécution d’un ordre Divin par un Prophète participe d’un geste archétypiel qui, pour un observateur non initié, paraîtra en tout point comme un geste banal ou quelconque.

Mais d’un point de vue céleste, celui des Anges par exemple, ce geste sera perçu de manière fondamentalement différente, et s’il devait être narré par des êtres célestes aux habitantx du monde sensible, ne pourra se faire que sous une forme mythique et symbolique.

Le « mythe » et le « symbole » relèvent donc d’une herméneutique céleste

Il en résulte que chaque phénomène ici-bas, engendre en se déroulant un correspondant archétypiel en « haut », qui nous est renvoyé de manière symbolique/mythique par la révélation selon la volonté de Dieu.

Rachid Achachi

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