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samedi 21 décembre 2024

Al Jilani : de l’aspirant et du bien-aimé

Al Jilani (1078/1166) est un maître soufi hanbalite, fondateur de la confrérie Qadiriyya. Dans un texte extrait du livre « L’accès au mystère » publié aux éditions Albouraq, que reproduit Mizane.info avec leur aimable autorisation, Al Jilani explique la différence entre les statuts d’aspirant et de bien-aimé de Dieu.   

Tu ne peux être que l’un des deux : soit un aspirant (murîd), soit un bien-aimé ardemment recherché (murâd). Si tu es un aspirant, tu seras chargé d’un fardeau. Porte-faix, tu supporteras toute chose difficile et lourde, car c’est toi qui désires. L’aspirant est en peine jusqu’à ce qu’il parvienne à son but et rejoigne son bien-aimé. Il ne te sied pas de fuir les épreuves qui atteindront ta personne, tes biens, ton épouse ou tes enfants. Tu dois endurer jusqu’à ce que tu sois exempté des œuvres (a’mâl) et débarrassé des fardeaux, des souffrances, des préjudices et des humiliations. Protégé de tout avilissement, impureté, outrage ou besoin envers les créatures, tu entreras dans la compagnie des bienaimés, objets de (Sa) sollicitude, les recherchés (murâdûn).

Si tu es un bien-aimé (murâd), tu ne dois pas non plus accuser le Vrai ( ) pour les épreuves qu’Il t’envoie. Ne doute pas de ton rang et de la demeure que tu as auprès de Lui ( ). Il ne fait que t’éprouver pour te permettre d’atteindre la condition des hommes [véritables] et élever ta demeure jusqu’à celles des « saints » (awliyâ) et des « substituts » (abdâl-s).

Voudrais-tu que ta demeure spirituelle (manzila) et ton degré de réalisation (daraja) soient inférieurs aux leurs ? Que tes robes d’honneur, tes lumières et ton bienfait soient moindres que
les leurs ? Si même toi tu te trouvais satisfait de ta condition [actuelle], le Vrai ( ) ne l’accepterait pas pour toi.

Allah ( ) dit : « Allah sait et vous, vous ne savez pas » (2:232). Il choisit pour toi le plus haut, le plus sublime, le plus élevé, le plus approprié. Et toi, tu refuserais ? Si tu objectes, disant : « Comment, d’après ce que vous avez exposé tout d’abord, l’épreuve peut-elle atteindre le bien-aimé, alors qu’elle concerne l’amant et que le premier est l’objet de  la sollicitude ? ». Il te sera répondu : « Nous avons évoqué en premier la loi générale, puis mentionné, en confidence, l’exception possible en second lieu ».

Il n’y a aucun doute que le Prophète ( ) était le Seigneur des bien-aimés [d’Allah] et aussi qu’il a été le plus éprouvé des hommes. Lui-Même ( ) a dit : « J’ai eu à craindre dans (la cause) d’Allah comme personne n’a eu à le faire. Et j’ai subi des dommages dans cette cause, comme nul autre n’en a subi. Il m’est arrivé de passer trente jours et trente nuits sans disposer de plus de nourriture que n’aurait pu abriter « l’aisselle de Bilâl » « .

Et il a dit : « Nous, assemblée des prophètes, sommes les plus éprouvés d’entre les hommes ; il en va (en ce domaine) selon une hiérarchie de moindres tribulations pour chaque degré où se situent les humains ».  Il a également dit : « Je suis le plus connaissant par Allah d’entre vous et celui qui Le craint le plus ».

Comment concevoir que le bien-aimé soit éprouvé et effrayé, lui le recherché, l’objet de la sollicitude ? La réponse réside dans ce à quoi nous avons fait allusion, à savoir l’atteinte des demeures élevées dans le Paradis. En effet, les degrés du Paradis ne peuvent être établis et élevés que par les œuvres accomplies dans ce monde-ci : « Ce bas-monde est le champ d’ensemencement de l’autre ». Or, les actes des Prophètes et des Saints, après l’accomplissement des commandements positifs et l’abstention des interdits, consistent en patience, satisfaction et accord avec la volonté d’Allah dans l’épreuve. Et voilà qu’Il lève les tribulations et que leur parviennent les bienfaits, les faveurs, la sollicitude et la Rencontre (liqâ’) pour toute l’éternité, sans fin » (abad). Et Allah est plus savant

Al Jilani

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