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dimanche 06 octobre 2024

Umar Khalid, symbole de l’oppression indienne contre la dissidence

© Deemuk.

Emprisonné à New Delhi depuis presque 2 ans pour avoir appelé à « contrer la haine par l’amour », Umar Khalid se bat pour faire valoir ses droits. Le focus de Marie Jarosz.

C’est aujourd’hui un symbole. L’ancien chef de file de l’Union démocratique des étudiants de l’université Jawaharlal-Nehru, Umar Khalid, âgé de 34 ans, est détenu epuis presque deux ans dans la prison de Tihar à Delhi. Il tente d’obtenir un procès équitable malgré les nombreux refus de remise en liberté sous caution.

Umar Khalid.

Une arrestation basée sur une volonté de supprimer toute dissidence

Accusé d’avoir déclenché des manifestations contre la loi réformant la nationalité, il a été arrêté le 13 septembre 2020. En effet, le gouvernement de Narendra Modi a modifié la loi de 1955 sur la nationalité, autorisant aux réfugiés de confession hindoue, sikhe, jaïne, bouddhiste et zoroastrienne l’obtention de la nationalité indienne en 5 ans au lieu de 11 ans. Cela a eu pour conséquences de vives critiques, étant reproché au gouvernement d’utiliser cette loi afin d’élargir sa base électorale. La modification n’incluant pas les musulmans, elle avait été jugée discriminatoire. 

Umar Khalid avait alors « critiqué le gouvernement Modi, appelé à contrer “ la haine par l’amour “ et à des protestations pacifiques lors d’une visite imminente en Inde de Donald Trump » comme l’écrit Le Monde. 

Des manifestations ont effectivement eu lieu entre le 23 et le 26 février 2020, causant la mort de 53 personnes et laissant de nombreux blessés. Depuis, Umar Khalid est considéré comme le « cerveau »  et la police l’accuse de « répandre la propagande au niveau international selon laquelle des atrocités étaient menées sur les minorités en Inde ».

Mardi 24 mai 2022, Trideep Pais, l’avocat de Umar Khalid, l’a défendu devant la Haute Cour de Delhi, expliquant que la déclaration de témoin pour laquelle Umar a été arrêté n’a jamais été prouvée. 

De plus, d’autres enquêtes menées par des organisations promouvant la défense des droits de l’Homme, telle qu’Amnesty International, « ont démontré que les

violences dans les quartiers nord ont été perpétrées par des extrémistes hindous, avec l’appui de la police. » écrit Le Monde. Par ailleurs, des leaders du parti au pouvoir avaient cherché à se venger des manifestants en brûlant des maisons ou magasins, appartenant tous à des musulmans.

Un emprisonnement jugé « contraire au droit international »

Umar Khalid a été arrêté en vertu de deux textes. Tout d’abord, une loi sur la sédition qui prévoit des peines susceptibles de prison à vie. La deuxième, encore plus draconienne,  sur la prévention des activités illégales ( Unlawful Activities Prevention Act : UAPA) « permet aux autorités indiennes de détenir des individus sans produire de preuve et fixe des conditions strictes pour l’octroi d’une libération sous caution ». comme le rappelle Le Monde. 

Modifiée par Modi en 2019, les autorités ont, depuis, le pouvoir de désigner un individu comme « terroriste » et non plus seulement des organisations.

Aakar Patel, Président de la branche indienne d’Amnesty International s’est exprimé publiquement. Il juge que « les refus répétés de libérer Umar Khalid sous caution sont un coup porté à la capacité de toute personne d’exercer ses droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique dans le pays » et poursuit en affirmant que « son maintien en détention est absolument contraire au droit international ».

Marie Jarosz

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