« Une question peut encore se poser : comment se fait-il que, malgré le défaut de symétrie que nous venons d’indiquer entre eux, l’esprit et l’âme soient cependant pris parfois d’une certaine façon comme complémentaires, l’esprit étant alors généralement regardé comme principe masculin et l’âme comme principe féminin ?
C’est que, l’esprit étant ce qui, dans la manifestation, est le plus proche du pôle essentiel, l’âme se trouve, relativement à lui, du côté substantiel ; ainsi l’un par rapport à l’autre l’esprit est yang et l’âme est yin, et c’est pourquoi ils sont souvent symbolisés respectivement par le Soleil et la Lune, ce qui peut d’ailleurs se justifier encore plus complètement en disant que l’esprit est la lumière émanée directement du Principe, tandis que l’âme ne présente qu’une réflexion de cette lumière.
De plus, le « monde intermédiaire », qu’on peut aussi appeler le domaine « animique », est proprement le milieu où s’élaborent les formes, ce qui, en somme, constitue bien un rôle « substantiel » ou « maternel » ; et cette élaboration s’opère sous l’action ou plutôt sous l’influence de l’esprit, qui a ainsi, à cet égard, un rôle « essentiel » ou « paternel »; il est d’ailleurs bien entendu qu’il ne s’agit en cela, pour l’esprit, que d’une « action de présence », à l’imitation de l’activité « non-agissante » du Ciel. »
« La Grande Triade ». René Guénon. Disponible sur ce lien : http://www.orient-lib.com/A-29342-la-grande-triade.aspx