L’attribution des prénoms musulmans est-elle en hausse en France ? Selon Lotfi Ramdani, une étude biaisée signée Jérôme Fourquet, soutiendrait cette thèse. Analyse des biais méthodologiques de cette étude sur Mizane.info.
Selon Lotfi Ramdani, une étude menée par Jérôme Fourquet serait devenue « « la » référence des statistiques sur les prénoms arabo-musulmans en France. » A ceci près qu’elle donnerait selon lui « une vision biaisée de la réalité des chiffres de l’Insee« . Animateur du site Islam2France, Lotfi Ramdani étudie chaque année la progression ou le recul de l’attribution de ces prénoms en France.
« Les 18,5% de prénoms arabo-musulmans (conclusion de l’étude Fourquet ) en 2015, ne concernent en réalité que la population masculine. Ainsi, l’exclusion des prénoms féminins permet d’augmenter la proportion des prénoms arabo musulmans de 34 % », écrit-il dans un article publié sur son site et où il estime « que l’exclusion des prénoms féminins fausse totalement les conclusions et les chiffres avancés dans l’étude Fourquet. »
Quelle méthodologie adopter ?
Lotfi Ramdani précise qu' »avec 4.550 prénoms masculins et 3.500 prénoms féminins, monsieur Fourquet intègre certainement des prénoms ambiguës (Ismail, Abraham, Adam) dans sa liste ». « Même s’il ne détail pas sa méthode d’exclusion des prénoms masculins, on déduit que les prénoms tels que cités plus haut, font partie de sa liste d’étude », écrit-il. La liste que propose Lotfi Ramdani comporte pour sa part 3.236 prénoms masculins et 1.794 prénoms féminins, « soit 1.314 prénoms de moins. »
Le choix méthodologique de Jérôme Fourquet provoquerait donc plusieurs biais comme l’augmentation artificielle du nombre de prénoms obtenus. « On peut être de confession juive ou chrétienne et porter un prénom d’origine arabe, c’est le cas au Liban, en Egypte et d’une manière générale en Orient », précise-t-il à titre d’exemple.
Autre biais, la sélection unique des prénoms masculins. « Nous avons choisi, écrit M. Fourquet, de nous concentrer ici sur la population masculine, dans la mesure où la liste des prénoms masculins arabo-musulmans compte beaucoup moins de prénoms pouvant renvoyer ou non à la culture arabo musulmane que la liste des prénoms féminins. Des prénoms comme Sonia, Nadia ou Ines peuvent, en effet, être donné à leur fille par des parents n’ayant aucune ascendance immigrée », cité par Lotfi Ramdani.
Or, selon ce dernier « une grande partie des prénoms masculins arabo-musulmans font référence aux prophètes. 90% des prophètes sont d’origine juive. On peut citer Ismail, Adam, Abraham, qui aurait dû poser problème à l’auteur. »
Du coup, l’exclusion des prénoms féminins provoque mécaniquement une surreprésentation des prénoms arabo-musulmans.
« En se basant exclusivement sur les prénoms masculins, le taux des prénoms arabo-musulmans sur la base de notre liste, est de l’ordre de 15,35% en 2021 (ci-dessous le tableau d’évolution). Pour les filles la proportion est de 7,39 %. Exclure donc les prénoms féminins fait augmenter de facto la proportion des prénoms arabo-musulmans de 34 % (15,35 % au lieu de 11,43%) », indique l’animateur d’Islam2France.
Retrouvez toutes les données statistiques comparatives sur le site Islam2France.