Dans la poursuite de sa réécriture de l’histoire de l’Inde, et sous couvert d’allégement des programmes, le parti nationaliste au pouvoir dans le pays a retiré de larges parties de l’histoire musulmane, ainsi que la période de la lutte indépendantiste de Mahatma Gandhi, des nouveaux manuels scolaires du secondaire. Focus.
Stupéfaction en Inde. La parution des nouveaux manuels scolaires du secondaire a été amputé d’une grande partie de l’histoire récente du pays. Le combat de Gandhi et l’histoire des Moghols ne seront plus au programme des cours d’histoire des lycéens.
Le gouvernement indien justifie ce retrait par l’allégement du cursus des élèves afin de faciliter la reprise pédagogique après le Covid-19 mais personne n’est dupe. Le BJP, parti nationaliste hindou au pouvoir, ne fait que poursuivre son projet politique d’hindouisation de la société indienne et de marginalisation de la présence musulmane.
Les empereurs Moghols n’appartiennent pas à l’histoire de l’Inde
Les annonces, cette semaine, du Conseil national de l’éducation concernant le nettoyage
des manuels scolaires ont plutôt été accueillis favorablement par les cadres du parti gouvernemental. Les empereurs Moghols n’appartiennent pas à l’histoire de l’Inde mais à la poubelle
s’est même félicité Kapil Mishra, figure du BJP.
Pour les historiens c’est une aberration. La période médiévale des moghols qui duré plus de six siècles (1526-1857) est considérée comme la Renaissance culturelle de l’Inde. Des merveilles architecturales comme le Taj Mahal on été construites et cette période marque le façonnement du syncrétisme religieux dans le pays.
Christophe Jaffrelot, chercheur à Sciences Po et auteur de L’Inde de Modi, qualifie cette réforme de lavage de cerveau
:
Il s’agit de montrer que les hindous sont plus indiens que les chrétiens et les musulmans. (…) C’est un lavage de cerveau digne des régimes totalitaires
Surtout qu’à ce retrait s’ajoute, dans ces nouveaux manuels, une complaisance pour les actes violents commis par les hindouistes affiliés au parti au pouvoir, comme l’assassinat de Gandhi dans les années 40, ou encore les pogroms anti-musulmans de 2002.
Ghandi également pris pour cible
Le père de l’Indépendance, et apôtre de la non-violence, Mahatma Ghandi fait également parti de la purge.
Sa lutte pour l’indépendance et ses efforts pour la cohabitation pacifique entre les différentes sensibilités religieuses de l’Inde disparaissent des livres d’histoire pour mettre plutôt en vitrine le mouvement extrémiste hindou RSS, qui irrigue toute l’idéologie du BJP. Christophe Jaffrelot confirme :
Les héros de l’Indépendance tels que Nehru disparaissent au profit de nouvelles icônes, comme l’assassin de Gandhi.
Cette annonce a d’ailleurs poussé le Quotidien national, The Indian Express a publié dans sa une
certains des passages effacés sur Gandhi. Plusieurs États en Inde dirigés par le parti BJP ont, depuis plusieurs années déjà, entériné cette révision de l’histoire.