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mardi 03 décembre 2024

Fonds Marianne : Schiappa et Sifaoui sur la selette

Mohamed Sifaoui auditionné au Sénat

Auditionnés – mercredi et jeudi – devant la commission d’enquête du Sénat, Marlène Schiappa et Mohamed Sifaoui ont dû s’expliquer sur leurs rôles respectifs dans la gestion du fonds Marianne et des subventions astronomiques attribuées à l’USEPPM. Des auditions qui ont rapidement tourné aux invectives politiques. Mizane info fait le point.

La ministre est-elle intervenue dans le processus de sélection des associations lauréates dont l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), principale association bénéficiaire (attribution de 355 000 euros), co-dirigée par Mohamed Sifaoui ?

Mohamed Sifaoui a t-il bénéficié d’un « traitement de faveur » de la part des responsables du cabinet ministériel de Marlène Schiappa ?

Autant de questions que la Commission d’enquête, sous la houlette du rapporteur Jean-François Husson et du président Claude Raynal, a tenté de clarifier, ces deux derniers jours, en auditionnant les principaux protagonistes de l’affaire.

Responsable mais pas coupable

Marlène Schiappa, principale responsable du fonds Marianne qu’elle a elle-même lancé en avril 2021, a été auditionné plus de trois heures, ce mercredi 14 juin, par les membres de la Commission.

Une audition difficile pour la ministre. Cette dernière a farouchement nié tout favoritisme envers la principale association bénéficiaire du dispositif (l’USEPMM). Tout comme son implication dans les attributions de subvention du fonds Marianne. Une innocence totale malgré la reconnaissance de sa « responsabilité politique » et de « dysfonctionnements dans l’organisation et dans la gestion »

« J’endosse bien sûr la responsabilité de mes décisions et de mon directeur de cabinet (…) on aurait pu faire les choses différemment »

Une posture qui n’a pas convaincu le président de la Commission, Claude Raynah : « On ne distribue pas de l’argent public sans faire un petit rapport […], là il n’y a rien de rien ». L’actuelle secrétaire d’État a également démenti toute amitié et proximité avec Mohamed Sifaoui.

« Nous ne sommes pas amis, nous n’avons pas d’intérêt commun avec telle ou telle organisation » a martelé Marlène Schiappa. La ministre a rejeté la responsabilité des attributions financières à l’USEPMM et au CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation) dirigé par Christian Gravel.

Le CIPDR, organisme gestionnaire du fonds, qui – bien que piloté par l’ancien préfet – était pourtant sous la direction de Mme Schiappa. Une déresponsabilisation qui a fini par exaspéré les sénateurs.

« Votre audition est en suspens. Continuez vous vraiment à dénier toute responsabilité dans ce fiasco ? »

L’audition de Mohamed Sifaoui vire au règlement de compte

L’audition de Mohamed Sifaoui, ce jeudi matin, fut – quant à elle – parsemé de multiples invectives contre Marlène Schiappa et contre des membres, même, de la commission d’enquête sénatoriale.

L’essayiste a directement interpellé le sénateur écologiste – et membre de la Commission – Daniel Breuiller, dans une charge introductive virulente et inattendu.

« Le sujet qui intéresse votre commission d’enquête n’est pas celui de la république des copains pour reprendre les propos scandaleux, insultants et diffamatoires utilisés par l’un de vos collègues sur une chaîne de télévision, en l’occurrence Public Sénat. Je parle de vous, Monsieur le sénateur Daniel Breuiller ! »,

« Le premier copinage qui devrait être dénoncé, c’est celui qui lie votre courant politique, les écologistes, à l’islamisme. » a continué Mohamed Sifaoui. Le journaliste reproche, au sénateur, sa sortie médiatique, le 2 juin au micro de Public Sénat, qualifiant la procédure, ayant permis la subvention de 355 000 euros à l’USEPPM, de « République des copains ».

Mohamed Sifaoui a également dénoncé « le pathétique rapport de l’inspection générale de l’administration (IGA), instruit exclusivement à charge avec des approximations, des insinuations graves et là aussi des mensonges ». L’IGA avait estimé que l’USEPPM avait bénéficié d’un traitement de faveur, et préconisait un remboursement d’une partie des fonds perçus.

« Marlène Schiappa n’est pas mon amie »

Mohamed Sifaoui a longuement fait état de ses différents avec Marlène Schiappa tout en l’innocentant d’un possible détournement d’argent. Il qualifie, toutefois, l’attitude de la secrétaire d’Etat de « coupable »

« Non, Marlène Schiappa n’est pas mon amie, elle ne l’a pas été hier et le sera encore moins demain », s’emporte encore l’essayiste. Il finira par admettre que sa première erreur « c’est d’avoir fait confiance à madame Schiappa ». Un conflit en règle.

Mohamed Sifaoui a tenu, cependant, à défendre le préfet Christian Gravel, patron du CIPDR, épinglé dans le rapport de l’IGA : « Christian Gravel est un républicain de conviction et un homme de grande valeur. Il n’est coupable d’aucun détournement de fonds »

Une audition mouvementé.

Ibrahim Madras

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